Né à Paris le 14 avril 1920, Olivier Debré (1920- 1999) réalise vers 1943 ses premières peintures dans l’influence de Picasso, puis, en 1945-1947, ses premières œuvres non-figuratives: des compositions de signes peints sur papier à la gouache ou à l’encre de Chine. Ces études, présentes dans la dation et en partie inédites, nous placent à la source de l’œuvre abstraite de l’artiste A la Libération, ses rencontres avec les peintres de l’avant-garde abstraite (de Staël, Poliakoff, Schneider, Soulages ), le conduisent à adopter une technique picturale fondée sur la construction du tableau par plans de couleurs maçonnés au couteau en couches épaisses. Deux œuvres de cette période sont présentées dans l’exposition: D et S (ces initiales désignant le prénom de l’épouse d’Olivier Debré, Denise, et celui de sa fille Sylvie) de 1948-55, et Le Mur Blanc de 1950-55. La même organisation picturale se retrouve, en cette fin des années 50, dans les « personnages » totémiques que Debré bâtit par masses compactes -têtes sans visage, troncs carrés, bas dressés-. Ils s’inscrivent entre les grands « signes personnages » abstraits qui se retrouvent dans les dessins à l’encre des années 1950-55. Deux peintures appartiennent à cette série : le Personnage debout bleu de 1957-58 et le Grand gris clair (personnage) de 1960. La douceur des tons est tout autant en contraste avec les teintes austères qui caractérisent les premières peintures de l’artiste, qu’avec la coloration beaucoup plus intense que Debré va généraliser dans sa peinture à partir de 1960 (Intérieur bleu de 1956-59). Après 1959, il semble qu’il faille attribuer à ses rencontres aux Etats-Unis avec les maîtres de l’expressionnisme abstrait américain (Kline, Rothko, Olitski) le tournant qui s’opère dans son œuvre. A partir des années soixante, en effet, l’artiste inscrit sur des fonds fluides des accents vigoureux de matière picturale qui décentrent ses compositions et impriment dans l’espace du tableau la marque visible de son action (Grand ocre, tache jaune pâle, 1964). Toutefois, en opposition à la peinture américaine, c’est à partir d’une émotion ressentie devant un paysage naturel que Debré travaille le plus souvent, en tentant d’en exprimer les qualités intrinsèques de lumière et de couleur. Après 1965, les formats s’allongent, suggérant à la fois la vision panoramique d’un espace sans limites et la plongée dans une quasi-monochromie (Bleu tache jaune de 1965). Dès la fin des années 1970 et au cours des années 1980, ses travaux atteignent des tailles monumentales (plus de six mètres par exemple pour Rouge de Loire Touraine, 1983-84) .C’est alors que le travail d’Olivier Debré va retenir l’attention des musées français car il apparaît comme susceptible d’entretenir un dialogue constructif avec la peinture abstraite américaine. A la suite des rétrospectives organisées en France, les acquisitions de l’Etat se concentrent ainsi sur ces grands formats tardifs alors que les années 50 et 60 de son œuvre restent peu connues. Représentant toutes les étapes du travail de l’artiste, cette dation permet donc au public d’en apprécier la réelle richesse.
Plusieurs lithographies d’Olivier Debré sont disponibles aux Douves.